Les aires protégées, une priorité négligée

Rouyn-Noranda, le 18 décembre 2020 – Le Conseil régional de l’environnement de l’AbitibiTémiscamingue (CREAT) salue l’annonce du ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) pour l'atteinte de la cible de protection de 17 % du territoire québécois. Cible atteinte tout juste avant la date limite du 31 décembre 2020, tel qu’il s’y était engagé. D’ailleurs, le Québec est seulement la deuxième province du Canada à respecter ses engagements, après la Colombie-Britannique.

Au début de l’année 2020, le gouvernement du Québec annonçait que l’attribution d’un statut permanent pour 8 territoires de l’Abitibi-Témiscamingue aurait lieu d’ici la fin de l’année. Toutefois, les 6 territoires annoncés aujourd’hui semblent tous être de statut « projeté ». De ce nombre, seulement deux ont fait l’objet de consultations publiques en 2016, soit la zone Kanasuta, proposée il y a fort longtemps par l’Action boréale en Abitibi-Témiscamingue (ABAT), et les Collines Nissing et Oditan dans le secteur de l’Abitibi-Ouest. Les 4 autres territoires (Maraisdu-Lac-Parent, Rivière-Attic, Wetetnagami et Saint-Cyr) se situent dans la MRC de la Vallée-de-l ’Or et concernent l’agrandissement de territoires projetés, en attente d’un statut permanent depuis plus de 12 ans. Rappelons que les consultations publiques de 2016 portaient sur un total de 12 territoires à l’étude en région.

Selon Bianca Bédard, directrice adjointe du CREAT, « il y a une prédominance importante du statut « projeté » dans le réseau des aires protégées du Québec et dans celles annoncées aujourd’hui pour la région de l’Abitibi-Témiscamingue. Il y a un imbroglio général sur les aires protégées pour tout le Québec. Les ministères concernés ne s’entendent pas sur la façon de distribuer les aires protégées. » Le MELCC doit s’assurer de remédier rapidement à cette situation afin de bel et bien protéger ces zones avant que des perturbations anthropiques ne dégradent leurs atouts écologiques.

De plus, selon l’organisme, les aires protégées doivent être pertinentes et représentatives des écosystèmes présents dans la région. Des démarches de concertation en ce sens devront être menées entre le MELCC et le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). Selon le CREAT, les aires protégées ne peuvent être uniquement réfléchies en fonction d’enjeu forestier ou minier, il faut réfléchir au-delà des pertes d’approvisionnement forestier et des titres miniers.

Mme Bédard souligne que « l’objectif n’est pas de créer des territoires intouchables, mais bien de lutter contre le déclin de la biodiversité et d’assurer une protection pour une diversité d’écosystèmes et une connectivité entre ceux-ci. » Le CREAT encourage donc vivement le MELCC à poursuivre son mandat de développer un réseau d’aires protégées en Abitibi-Témiscamingue dans le but d’atteindre 30 % de territoires protégés d’ici 2030.

Rappelons qu’en septembre dernier, le CREAT participait à la démarche nationale « Quitte ou double » auprès de représentants autochtones, citoyens et organismes environnementaux afin de demander au premier ministre de doubler la protection du territoire québécois d’ici la fin de l’année, alors que la région comptait seulement 7,81 % de son territoire protégé.

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À propos du CREAT

La mission du CREAT est de promouvoir la conservation et l’amélioration de la qualité de l’environnement dans une optique de développement durable. Fondé en 1995, le CREAT intervient sur divers dossiers environnementaux, dont les changements climatiques, la gestion des matières résiduelles, les espèces envahissantes, la mobilité durable, la protection de la biodiversité, de l’eau et des milieux naturels, ainsi que les impacts de l’industrie minière et forestière.

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